Tapis marocain : un tapis chargé d’histoire

Le  tapis marocain est devenu une décoration très prisée dans le monde entier. Originaire du moyen atlas, chaque tapis est le résultat d’un long et minutieux travail exécuté par la tisseuse. Comme toute œuvre d’art originale, le tapis est imprimé de la vie marocaine, de l’histoire de la communauté dont il est issu. De la laine utilisée aux motifs qu’il porte, le tapis marocain témoigne de l’histoire d’une communauté. C’est dans cette histoire que vous plonge cet article.

D’où viennent les tapis marocains ?

Les tapis marocains proviennent des montagnes du moyen atlas au Maroc, plus exactement de Mediouna, de Fès ou de Rabat. Leurs origines remontent à une époque très lointaine (on parle de l’ère néolithique). Si ce savoir-faire a pu traverser les millénaires et parvenir à ce siècle, c’est qu’il a été bien conservé. En effet, la confection des tapis marocains était un héritage qui se transmettait de mère en fille. Même si les tapis marocains entretiennent des rapports de similitudes avec les tapis d’Orient, ce sont deux arts différents.

Les tapis marocains sont nés d’un besoin spécifique aux familles berbères. S’ils servent à décorer la maison en ce siècle, les tapis servaient de matelas et de couverture aux Berbères. Ces tapis leur permettaient de faire face à l’hiver rude dans leur région. Les tapis sont aussi destinés à recouvrir le sol ou le mur des tentes. Les tapis marocains constituent des éléments de la dot de la jeune fille qui se marie. Ces tapis se retrouvaient dans les présents que le monarque offre aux ambassadeurs ou à ses visiteurs de grandes marques.

Les différents types de tapis marocains

Les tapis marocains sont au nombre de quatre et chaque type avec ses particularités et son histoire. Chaque tapis est une pièce unique et le prix n’est pas identique. Chaque tapis garde les marques de la région ou de la classe d’où il provient.

– Le tapis Beni Ouarain

S’ils sont les plus chers sur le marché actuellement, c’est parce qu’ils étaient confectionnés par les femmes berbères de la bourgeoisie. Ils sont tissés à base de laine de qualité supérieure dans les hautes montagnes du Maroc. Les tapis beni ouarain sont des tapis faits à 100 % de laine pure de premier choix. Ils sont caractérisés par deux couleurs spécifiques : le blanc et le noir. C’est ce type de tapis que l’on retrouvait chez les vizirs ou au palais royal.

– Les tapis Boucherouite

Le tapis boucherouite est un type de tapis confectionnés à base de matériaux recyclés, de vêtements usés, des vieux coupons ou de la laine de qualité inférieure. Ce tapis était tissé à l’origine par des femmes issues de familles pauvres qui n’étaient pas suffisamment riches pour s’acheter de la laine de meilleure qualité. Le boucherouite a la particularité d’être un tapis multicolore. C’est un assemblage de couleurs vives. Le boucherouite a été également tissé par les femmes d’autres classes à une époque où l’agriculture sédentaire commençait à s’imposer aux dépens de l’élevage nomade de troupeaux. Trouver de la laine était devenu la croix et la bannière.

– Le tapis Azilal

Comme son nom l’indique, ce tapis provient de la région d’azilal. Il se trouve être comme un mélange de beni ouarain et de boucherouite. Il est fabriqué à base de laine brute suivant un rituel bien connu des femmes. Ce rituel est transmis de génération en génération. C’est un tapis coloré qui était tout aussi difficile à trouver que le beni ouarain. On dit des tapis azilal qu’ils rendent compte de l’histoire de leurs tisseuses.

– Le tapis kilim

Né il y a des millénaires, c’est l’un des plus anciens tapis berbères. Le kilim n’est pas fait uniquement de laine. On y ajoute très souvent du coton. C’est un tapis brodé et extrêmement léger. Il associe motifs et couleurs symboliques.

Les motifs racontent des histoires

Les tapis marocains sont fabriqués avec des motifs spécifiques. Très souvent, c’est des losanges que l’on retrouve sur les tapis beni ouarain. Sur les autres types de tapis, ce sont des motifs abstraits presque invisibles. Ce sont souvent des lignes qui s’entremêlent et se coupent de travers. Mais chaque motif raconte une histoire donnée. C’est soit l’histoire de la tisseuse elle-même, un événement important de sa vie ou l’histoire de la communauté berbère. À voir de près, certaines de ces lignes que l’on retrouve sur des tapis anciens ne sont pas différentes des motifs de l’art pariétal. Certains tapis marocains sont donc des témoignages du mode de vie archaïque. Ces géométries que l’on retrouve sur les tapis berbere sont un langage abstrait, qui exprime : l’amour, la religion, la nature, le bonheur, la fertilité… Le tapis est en fait un témoignage du passé. C’est comme une bibliothèque où la tisseuse conserve le présent pour la génération futur.